Le Zéro, le Point & l’infini
Un signe du Ciel
Le zéro 0, le point . et l’infini
« …même lorsque les écritures devinrent des signes phonétiques, on ne put jamais leur enlever
« toute la part de symbolisme sur laquelle se fondait principalement leur caractère sacro-saint. »
Extrait de La langue sacrée : la cosmoglyphie, le mystère de la création, Émile Soldi
Le Zéro a fait un long périple pour venir jusqu’à nous. Et pour être tout à fait honnête, certains s’en seraient bien passés !
Pourquoi ? Parce qu’on n’aimait pas tellement le voir se promener tout seul sur nos copies. Un zéro équivalait à la sanction suprême.
D’un coup, on ne valait plus rien. Réduit au néant par une ridicule petite bulle, adieu les regards gratifiants
et les propos élogieux de nos professeurs, de nos camarades ou de nos parents. La couronne de lauriers se transformait
en couronne d’épines. On était marqué au fer rouge de la nullité. Le Zéro nous faisait dégringoler illico presto les barreaux
de l’échelle qui menait au paradis d’une classe sociale tant convoitée. Mais d’où vient-il ? Il prend sa source dans la langue arabe.
Le mot « Sifr » qui signifie le « vide », c’est-à-dire l’absence de matière (origine également du mot chiffre), a été transmuté
en « Zephyrus / Zephirum » pour s’adapté au latin. Puis l’italien en a fait un « Zéfiro » qui par abscission du « fi » est devenu notre Zéro.
Aurait-il, en quelque sorte traversé la Méditerranée ? Avouons-le, l’Occident doit ses connaissances en mathématique,
et en science en général, à ses amis Orientaux. Parmi les différents ouvrages qui ont eu un impact dans nos contrées,
ceux de Muhammad ibn Musa Al-Khawarizmi sont assez signifiants. Au passage, l’un de ses traités, traduit sous le titre
de « Liber Algorismi » nous laissera le mot algorithme. Al-Khawarizmi était un mathématicien, géographe, astrologue
et astronome originaire de Perse. Né dans l’actuel Ouzbékistan, il vécut au IXème siècle et écrivit plusieurs livres en langue arabe
(invasion arabo-musulmane oblige…) dont l’« Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison », considéré
comme le premier manuel d’algèbre (al-jabr /restauration, qui veut dire « ce qui signifie la même chose ») ou encore
le « Traité du système de numération des Indiens », qui fut rendu accessible aux lettrés non-arabisants par sa traduction en latin,
dont le « De numero indorum ». On devine par ce titre « De numero indorum » que la connaissance du système de numération
et des nombres étudiés par Al-Khawarizmi venait d’Inde. D’ailleurs, dans un traité de cosmologie sanskrit du Vème siècle,
le « Lokavibhâga », on trouve déjà le mot « shunya ou sunya » représentant le zéro, et qui peut traduire des notions comme :
vide, espace, éther, non-produit, non-existant, absent, néant créateur. Tant en Orient qu’en Asie, la notion de vide,
de vacuité ou de néant est représentative du principe qui sous-tend la pensée, et par conséquent le mot. Le zéro, issu du néant,
a fait bien plus de chemin que la simple traversée de la Méditerranée… Alors inutile de pointer votre index les enfants !
Historiquement, zéro était représenté par un simple point. Par exemple, les astronomes babyloniens l’utilisaient comme marqueur
de position vide. Nous vous proposons de retourner dans le croissant fertile pour nous replonger dans le contexte.
Les Babyloniens scrutaient le ciel pour observer le mouvement des astres. Soleil, Lune, planètes et autres corps célestes
s’y manifestaient comme des points lumineux dans le ciel. Quoi de plus naturel que d’utiliser un point pour les observateurs
des étoiles pour noter une position. Munis de leurs tablettes d’argile fraiche, il suffisait d’enfoncer l’extrémité arrondie
de leur calame pour former un point en creux, qui de fait, pouvait retranscrire parfaitement le phénomène de position vide.
Ça n’est qu’une supposition bien sûr, néanmoins elle nous apparaît comme logique et cohérente c’est pourquoi nous vous la proposons.
Ainsi le point et le zéro auraient un vide en commun. À ces époques reculées et jusqu’au XVIIème siècle, astronomie et astrologie
n’étaient pas dissociées, il s’agissait de deux branches, différentes et complémentaires, de la même science.
D’ailleurs les savants eux-mêmes pratiquaient plusieurs disciplines. Les sciences relevaient d’une forme de pensée unifiée
(et non pas unique !) qui se déclinait dans différents domaines de manifestation. Ce concept est à la base même de l’astrologie.
L’énergie » Une » de l’univers se manifeste sur terre à travers douze archétypes différents que représentent les signes du zodiaque.
Et, ce qui était prépondérant, dans cette façon de concevoir le monde, c’était l’étude du ciel, de ses mouvements et de leurs effets
sur notre Terre. Aujourd’hui encore, il existe toute sorte de points en astrologie. Certaines positions, vides de planètes,
sont considérées et étudiées comme point d’impact, point focal, foyer, point de polarité, point apogée… C’est très intéressant,
car nous verrons que cette notion d’impact ou de foyer se retrouve explicitement dans la définition du mot punctum (point en latin).
En astrologie, tout commence par la date, l’heure et le lieu de naissance qui permettent d’établir le thème astral.
En prenant un peu de recul, nous pouvons concevoir que ces données ne sont en réalité rien d’autre que des points précis
de l’espace (le lieu) et du temps (la date et l’heure). Nous pouvons alors considérer que chaque position de planète
inscrite sur un thème astral est un moment cosmique donné, un instant suspendu dans sa course galactique, mémorisé par un point,
exprimé par une unité de mesure, le degré, et placé sur un cercle, la roue du zodiaque. Autrement dit, le point est un arrêt sur image
qui n’a pas d’existence fixe. Il est en évolution constante : il est et il n’est plus comme tout ce qui compose l’univers. Il n’a d’existence
que par l’observation de l’observateur, par son influence énergétique imprégnée dans la matière (elle-même énergie densifiée)
et étudiée par l’astrologie. De ce point de vue, la notion de vide exprimée par le point et le zéro nous semble intelligible,
vous nous suivez, n’est-ce pas ?
À présent, nous vous invitons à changer de focus, et à porter votre attention sur les trajectoires elliptiques des mouvements planétaires.
Le mot ellipse vient du grec élleipsis/elleipô qui signifie manque, insuffisance, laisser de côté, négliger, et du latin ellipsis omission.
On retrouve, ici encore, la notion d’absence, de non-existence déjà exprimée par le mot sanskrit sunya. Cette ellipse nous en dit long
car elle enfonce le clou en s’inscrivant dans la forme et dans le fond du Zéro. L’ellipse qui permet de représenter graphiquement un zéro
parle ainsi du manque, de l’absence ou de l’omission de manifestation, de matière ou de valeur. L’accointance entre le zéro et le point
nous renvoie aux mêmes notions, au même principe ainsi qu’aux étoiles et au vide sidéral. Ce même vide que l’on ressent en soi
quand on vient de récolter un zéro… Dans l’encyclopédie des symboles, on nous dit que les Indiens utilisaient le zéro
avec toutes ses possibilités opératoires dès le Vème siècle av. JC. Et qu’il n’existe pas moins de 18 termes sanskrits pour exprimer ce concept…
C’est astronomique ! Justement, en parlant d’astronomie, si vous vous penchez sur l’organisation de la Voie Lactée, notre chère galaxie,
vous découvrez que c’est une structure cosmique formée d’étoiles, de planètes, de gaz, de poussière interstellaire et de matière noire
rassemblés par un effet de gravitation autour d’un trou noir supermassif, Sagittarius A*. Sagittarius A* (SgrA*) est une zone sombre située
au centre de la Voie Lactée, à 26 000 années-lumières de la Terre. Un trou noir super massif est un corps tellement compact et massif
que même la lumière ne peut s’en échapper, et c’est pour cela qu’il est noir. Il est donc invisible, ineffable, inaudible, inénarrable…
Il n’est pas et pourtant il est. Ça me rappelle quelque chose … On ne peut deviner sa présence et en parler que par « l’effet qu’il provoque
sur les corps et la matière qui l’entoure » (cf : cnes.fr). On nous dit aussi que les galaxies prennent des formes diverses
comme la spirale, l’ellipse, les anneaux… C’est troublant de découvrir cette correspondance de définition, de concept et de principe,
entre le trou noir et le zéro, ne trouvez-vous pas ? L’infiniment grand rejoindrait l’infiniment petit et les grands sages indiens auraient
déjà eu cette connaissance au Vème siècle av. JC.… Nous en restons bouche bée pour ne pas dire cois ! Pas vous ?
Côté Latin, qu’est-ce que le zéro a à nous dire ? Zephyrus / zephirum pourrait avoir une affinité avec notre zéphyr, le vent d’ouest
doux et chaud qui annonce le printemps. Chez les Grecs, Zephyr c’est le dieu du vent de l’ouest. On nous dit par son étymologie
qu’il serait relié au Zophos des grecs, les ténèbres, une région obscure, noire, en somme l’ouest. Tout cela est bien mystérieux !
L’ouest, l’ouest, et pourquoi l’ouest ? Parce que c’est là que le soleil se couche…et que la nuit arrive. C’est par l’ouest que tout s’éclaire
quand il fait sombre. Ah d’accord ! Donc notre zéro vient d’une région obscure. Tiens, tiens, nous y revoilà ! Et si l’observation du ciel
et les connaissances astronomiques étaient la toile de fond des nombres ? Possiblement, car les grands initiés qui ont mis en forme
toutes ces sciences et tous ces concepts ne semblaient pas ignorer les secrets de l’univers et de la création. « Verum, sine mendacio,
certum et verissimum : quod est inferius est sicut quod est superius ; et quod est superius est sicut quod est inferius, ad perpetranda miracula rei unius.
Et sicut omnes res fuerunt ab uno, mediatione unius, sic omnes res natae fuerunt ab hac una re, adaptatione. Pater ejus est Sol, mater ejus Luna ;
portavit illud Ventus in ventre suo ; nutrix ejus Terra est… » qu’ils disaient ! Autrement dit : « Il est vrai, sans mensonge, certain, & très véritable :
Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose.
Et comme toutes les choses ont été, & sont venues d’une, par la médiation d’une : ainsi toutes les choses ont été nées de cette chose unique,
par adaptation. Le soleil en est le père, la lune est sa mère, le vent l’a porté dans son ventre ; la Terre est sa nourrice… » (cf : Tabula smaragdina/
La table d’émeraude, Hermès Trismégiste, père des Philosophes). Dans ce texte, l’unité de ce qui semble s’opposer est mise en évidence.
Le Ciel et la Terre ne font qu’un, et loin de se contredire, ils révèlent les mêmes principes universels. Zéphyr, le vent qui vient du ciel nocturne
en serait le messager. Il annonce le printemps et avec lui la promesse d’une nouvelle création repartant de zéro, ou presque ! Sur Terre,
c’est le soleil qui est l’acteur principal du grand cycle de la vie. Ainsi, le zéro symbolise son déploiement dans le monde avant de retourner,
riche de son parcours, à un nouveau point de départ (l’est) augmenté de son expérience. Chaque soir, le soleil retrouve le royaume de la nuit (l’ouest),
dont nous sommes tous issus, pour revenir accomplir un nouveau cycle. Alors nous comprenons mieux pourquoi notre zéro
nous fait penser le plus souvent au néant (absence d’existence physique) que peuvent représenter la nuit, le noir, l’infini, et aussi à l’idée réalisatrice.
Nous reviendrons plus loin sur cette idée. Il peut aussi évoquer l’hiver, symbolisé par son point culminant le solstice, qui est le moment
de l’année où les nuits sont les plus longues et où la nature s’est dépouillée de tous ses atours.
Zéro est un chiffre en tant que signe et quantité, et un nombre en tant que qualité. Selon la science ésotérique ou initiatique,
chère à notre Hermès, la définition des nombres diffère « légèrement » de la voix exotérique, c’est-à-dire commune ou populaire.
Le nombre est considéré par les initiés comme un être du plan spirituel. Il se conforme à des lois particulières de construction et d’évolution.
C’est pourquoi, il nous faut distinguer l’approche quantitative des nombres comme le font les mathématiques, de l’étude qualitative
qui était faite dans les centres d’initiation de l’Antiquité. Un chiffre d’affaires ne signifie pas du tout la même chose qu’un nombre d’affaires,
nous en conviendrons, encore que les deux puissent avoir un lien de cause à effet. Chiffre et nombre n’ont pas la même valeur sémantique,
même si dans notre exemple le nombre n’est pas garant de la qualité. Zéro est un nombre sans valeur numérique quantitative.
Pour autant une autre interprétation pourrait le voir comme un nombre présent dans tous les nombres, de la même manière
que l’esprit est présent dans la matière, ou que Sagittarius A* assure imperceptiblement la cohésion de la Voie Lactée. Il n’est rien,
et pourtant il préexiste au 1. Il n’a pas de valeur par lui-même et cependant il décuple le potentiel d’un nombre lorsqu’il est placé à sa droite.
Rajouter un zéro à la fin d’un nombre (à sa droite) multiplie sa valeur par 10, et pour le chiffre ou le nombre d’affaires, ça n’est pas rien !
Pour une note, non plus, c’est certain… Le zéro annonce le départ d’une nouvelle dizaine, 10, 20, 30, etc, et marque le début d’un nouveau cycle.
C’est le point de départ d’une nouvelle expérience riche et augmentée de la précédente. Il reste neutre dans l’addition alors qu’il absorbe
tous les autres nombres comme un ogre dans la multiplication. Pareillement à un trou noir ou un croquemitaine ! Au moyen-âge,
le zéro fut considéré comme l’œuvre du diable car il introduisait l’horreur du néant… Quels esprits malins ont bien pu distiller
ces croyances effrayantes dans l’inconscient collectif ? Des bandits, des scélérats, des ignorants ou des inconséquents…
Sur le plan ésotérique et spirituel, le zéro renvoie directement au mystère de l’Univers et à son caractère ineffable. Il est à la fois Tout et rien,
éternité et néant, début et fin, fini et infini. C’est le vide susceptible de donner la vie, la caisse de résonnance qui amplifie toute création.
Il préexiste à tout, sans pour autant exister, paradoxes mis en évidence dans le Yi-king ou décrits par Lao-Tseu dans le Tao Te King :
« La voie qui peut être exprimée par la parole n’est pas la Voie éternelle ; le nom qui peut être nommé n’est pas le Nom éternel. (L’être) Sans nom est
l’origine du ciel et de la terre ; avec un nom, il est la mère de toutes choses. C’est pourquoi, lorsqu’on est constamment exempt de passions,
on voit son essence spirituelle ; lorsqu’on a constamment des passions, on le voit sous une forme bornée. Ces deux choses ont une même origine
et reçoivent des noms différents. On les appelle toutes deux profondes. Elles sont profondes, doublement profondes. C’est la porte
de toutes les choses spirituelles. » Bouddha va plus loin et dit : « Écoute Sariputta, la forme est vide, et le vide est forme.
La forme n’est pas différente du vide ; et le vide n’est pas différent de la forme. » Et la science lui donne raison car lorsque les scientifiques
se penchent sur les particules élémentaires de la matière et cherchent à en percer les secrets, ils découvrent le vide, des vibrations
dans le vide, des points d’énergie pure. Ça alors ! Ce vide pourrait-il être l’esprit infini, informel, incréé, indéterminé qui rejoint le zéro 0,
le néant super-essentiel, l’Ein Sof des Kabbalistes, le Noun des Égyptiens, le Tao des taoïstes, le point vernal des astrologues
(à 0° du Bélier, point de départ et point d’arrivée), le non-être sur lequel va pouvoir s’inscrire l’Être… ? C’est à la fois un vide absolu
puisqu’il ne contient aucune « chose » et un commencement saturé de potentialités. Il est vide et inépuisable. C’est le silence
dans lequel le verbe va jaillir et s’exprimer, le vide cosmique dans lequel les univers vont pouvoir se déployer. En somme, c’est le Tsimtsoum,
l’instant d’avant. Le grand Isaac Ashkenazi Louria (1534-1572) questionnait ainsi : « Qu’est-il arrivé avant le commencement des temps
pour que commencement il y ait ? » Avouons-le, ce zéro est un sacré numéro ! Bon, nous l’aurons compris, zéro symbolise le rien,
le néant, levide absolu qui préexiste à Tout. Il est aussi le nombre qui évoque la latence ou la potentialité incluse dans le non-manifesté.
Zéro 0 est alors l’esprit qui fit naître le un 1, et qui des profondeurs du cosmos éclaira le chaos de sa lumière (du grec Khaos : faille,
béance, grande ouverture, espace ouvert préexistant à toute chose). Ainsi le zéro 0 précède et forme le un 1, comme « le Tao a produit un,
un a produit deux, deux a produit trois, trois a produit les dix mille êtres » (cf : Tao Te King, Lao Tse). Le zéro 0 représente la volonté créatrice
et le principe fécond, le un 1, la création elle-même, sortie du néant par « intervention divine » que nous pouvons aussi entendre
comme « énergie cosmique » ou « force vitale ». Dans certains écrits, le 0 et le 1 sont parfois confondus, ce qui pourrait témoigner
d’une création mise au service de la volonté. Ainsi, le 0 peut être considéré comme le centre invisible du monde, la Grande Source,
l’esprit transcendantal, la Lumière, le Verbe, la conscience absolue, la Vacuité du Bouddhisme ou encore le centre de la croix des Celtes
ou des Chrétiens.
Circulaire, le zéro évoque l’Ouroboros des Alchimistes, ce serpent qui se mord la queue et qui contient en lui-même son commencement
et sa fin. L’Ouroboros entoure la totalité du monde. Il est à la fois autodestruction et renouvellement, anéantissement et espoir de vie
grâce à son pouvoir de mutation. En ce sens, le zéro peut faire penser à nouveau au cycle de la vie, à la roue qui tourne,
au mouvement permanent. On trouve parfois des représentations de l’Ouroboros avec une partie serpent et un autre dragon.
Le dragon (du grec drakôn : vision) est un serpent ailé qui entre et sort de la matière obscure du psychisme. Il est vision et vivacité,
esprit et intelligence. Si le serpent représente l’état primitif amené à changer de peau pour grandir et évoluer, le dragon est destiné
à s’envoler vers les hautes sphères de la conscience et de la connaissance. Le zéro peut aussi être vu comme l’œuf originel fermé,
l’œuf cosmique ou l’œuf du monde. Œuf de reptile ou de volatile ? Cet œuf, présent dans toutes les philosophies ou mythologies du monde,
égyptienne, chinoise, indienne, etc, est sensé contenir la totalité de l’univers en germe. L’œuf contient toutes les potentialités,
tous les éléments nutritifs et constitutifs de la vie. C’est le symbole de la gestation, de la naissance, de la régénération, de la plénitude,
de la perfection, du commencement et du Tout. Nous avons conservé ce concept dans le rituel des fêtes de Pâques qui sont fixées
à la première pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. Zéphyr est encore de la partie ! On trouve aussi des représentations
d’œuf de forme circulaire, ovale ou elliptique dès le paléolithique (vers 12000 av. JC.). De son côté le poète grec Hésiode
(± VIIIème siècle av. JC.) expose le principe de plénitude dans la « Théogonie » à travers les figures de Gaïa, la Grande Mère
(principe matriciel, réceptif) et d’Ouranos, le ciel étoilé (principe générateur, actif). Ils sont porteurs à eux deux, réunis et indifférenciés,
de tous les potentiels, toutes les promesses, toutes les inspirations et les visions d’avenir. C’est Gaïa, la Grande Mère universelle
qui a engendré Ouranos qui à son tour l’ensemence pour créer la vie manifestée. Oui, vous avez bien lu, selon Hésiode, l’origine
de la création est le principe féminin puisque c’est elle qui engendre Ouranos, le principe masculin, actif, générateur. Avec Ouranos,
le ciel étoilé, on s’imagine face à l’ouest, au bord de l’océan cosmique, contemplant le soleil disparaître à l’horizon. En s’éclipsant,
il va passer de l’autre côté pour entamer son voyage nocturne. La nuit apparaît, profonde, immense et silencieuse, infinie. Puis, au loin,
un point lumineux surgit. Il scintille, seul, au beau milieu de la voute céleste. C’est Vénus, l’étoile du berger, la première à venir nous guider
au cœur de la nuit, dernière à nous accompagner jusqu’au point du jour ? Ô Vénus, déesse de l’amour… Puis un autre point s’éclaire,
et un autre, et encore un autre. Le ciel s’illumine. Ils sont à présents des milliers de points lumineux dans le ciel étoilé qui s’allument
comme autant de promesses d’inspiration ou d’éclairs de génie. En astrologie, Uranus est l’octave supérieure de Mercure, une sorte
de super intellect ou de supra conscience ! C’est la puissance de l’esprit qui inspire, innove, annonce des changements aussi rapides
que l’éclair. Alors que Gaïa est toute en réception. La plénitude contient en son sein les principes opposés qu’on peut aussi considérer
comme complémentaires. Nous retrouvons ce concept représenté dans le symbole taoïste du Yin et du Yang. Le zéro peut sembler
paradoxal et pourtant le fait qu’il soit constitué d’éléments contraires lui confère une tension, une force vibratoire considérable
qui permet d’approcher le mystère de la Création et du fonctionnement du monde. Il est à mi-chemin entre l’éphémère et le fondamental
comme beaucoup d’Uraniens…Chez les mayas, le zéro représenté par un escargot ou une spirale évoque la vie fœtale, la régénération cyclique,
l’évolution et l’infini. C’est alors qu’on remarque que le symbole infini n’est finalement rien d’autre qu’un zéro torsadé ou la vision en coupe
du mouvement hélicoïdal de notre système solaire qui se déplace dans la galaxie durant un cycle cosmique de 26 000 ans, appelé Grande Année.
On peut aussi le voir comme l’observation d’un point, dans l’espace et dans le temps, se déplaçant alternativement autour de deux pôles différents.
Il circule entre ces deux points, attiré par l’un puis par l’autre. Ainsi, par ce mouvement, il transforme l’opposition en relation,
voire même en communion… L’idée est à retenir !
En géométrie, le zéro nous renvoie au point, élément sans caractéristique propre, assimilable à « l’infiniment petit ». Le point est
le plus petit élément graphique visible. Il marque une position sans développement sur une surface ou dans l’espace. Et pourtant,
le point permet de constituer toutes les formes et les volumes. Point de départ, il est aussi le point de fuite qui s’en va vers l’infini,
là où tout se réduit et se concentre en un seul point. Du zéro au point nous changeons de dimension et passons du monde abstrait
de l’algèbre et des calculs mathématiques, au monde concret de la géométrie. En médecine, le point est une douleur, localisée et vive,
ou un lieu d’activation et de libération de l’énergie comme en acupuncture ou en réflexologie. En peinture, Vassily Kandinsky (1866-1944)
disait que « le point est, intérieurement, la forme la plus concise […] Le point s’incruste dans le plan originel et s’affirme à tout jamais. »
(cf Point et ligne sur plan, Kandinsky ). Georges Seurat (1859-1891) et Paul Signac (1863-1935) ont développé une approche particulière
de la couleur avec le Pointillisme. Leur vision de la lumière et de la couleur (déclinaisons de l’énergie) par la juxtaposition de milliers de points
a apporté une nouvelle vibration dans leurs œuvres. Quant à la peinture à point aborigène, ou Dot painting, elle s’enracine
dans les peintures rupestres, les dessins corporels ou les œuvres éphémères cérémoniales. Les Aborigènes disent que le point est relié
à une vision spirituelle de la création du monde et à leur relation à la nature. Il suffit de contempler leurs peintures avec ce nouveau regard
pour en saisir effectivement toute la dimension spirituelle. En musique, à partir du IXème siècle et durant tout le Moyen-Âge,
les inclinaisons mélodiques sont notées avec différents points qu’on appelle les neumes. Aujourd’hui encore la notation musicale est
basée graphiquement sur le point. Enfin, dans l’écriture, le point marque une pause, un avant et un après, la fin d’une phrase,
un temps de silence. Parfois, il abrège un mot, dont il nous laisse deviner la signification. Le point signale aussi où on pourra lire un i
ou un j. Il se décline en point-virgule, deux points, point d’interrogation, d’exclamation ou de suspension… Il ponctue.
Dans notre langage, le point se déploie en de multiples points : point de départ, point d’arrivée, point à la ligne, points sur les i,
mise au point, point de rupture ou point de non-retour, point névralgique, point d’appui, point fixe, point de repère, point d’ancrage,
point culminant, point de chute, point commun, point fort, point de mire, points cardinaux, point vernal, point d’eau, rond-point,
au même point, au point mort, points de suspension, jusqu’à un certain point, point de détail, point de vue, un point c’est Tout !
Le grand psychanalyste Karl Gustave Jung (1875-1961) disait que le point est « le symbole d’un mystérieux centre créateur de la nature ».
À l’évidence, le point est à l’origine de tout. Le mot punctum en latin sous-entend une intention, une idée, une volonté, une action
telles quepiqûre, impact, petite tâche, petite blessure, petit trou. Punctum parle aussi de stigmate au fer rouge. Cette marque durable
porte en elle la mémoire d’un instant brûlant, un coup de dés du hasard, une irruption. Concentration et convergence d’une énergie
en un endroit précis, le point est focus (focus en latin : feu, foyer). C’est un feu qui se souvient peut-être de ses racines solaires.
Notre bonne étoile brille, concentre et dispense l’énergie de vie dans notre « sphère » galactique, le bras d’Orion. Et à l’échelle de l’univers,
elle n’est qu’un point dans l’immensité sidérale. Le symbole astrologique et astronomique du soleil met en évidence le point au centre du cercle,
car tout cercle commence par un point. Tout comme le soleil, le point qui en émane est le principe générateur de toute forme de vie sur Terre.
Il est à la source de toute manifestation. Tout commence par un point. Dans son livre Yantra,The tantric symbol of cosmic unity,
Madha Khanna dit : « L’Univers se déploie à partir du Bindu » (Bindu en sanskrit : goutte, point). Aussi, qu’elle soit physique ou événementielle
(émotionnelle, psychologique, psychique) aucune forme, concrète ou mentale, ne peut se déployer sans un point d’ancrage.
Du point géométrique annonciateur de la forme, à la cellule souche, mère de tout organisme vivant, de l’instant T d’un événement,
à l’impact émotionnel qui crée le point de bascule et la construction du personnage (l’ego ou le moi de survie), le point initie
le développement et l’évolution potentielle de toute chose, de tout être. Il pourrait rester au point mort, attendant des jours meilleurs,
suspendu dans l’éternité ou consumé à tout jamais dans les flammes d’un enfer qui nous ment. Frappés de l’ignominie d’un zéro
et de son acolyte la nullité, qui équivaut à l’angoisse d’une petite mort, nous avons toujours la possibilité de retourner au point originel
qui a fait basculer notre vie. Car au fond, cette piqûre n’est finalement rien d’autre qu’un point de vue auquel on aura cru !
Une croyance, pas plus … Parce qu’en réalité, un zéro c’est un immense potentiel qui reste à révéler. Ainsi ce point, au lieu d’être
une douleur larvée, mise de côté, devient la clé de libération tant espérée, la lumière éclairant les abysses du chaos. Repartant de zéro,
nous quittons le point mort. Riches de notre expérience, nous sortons de la longue nuit et entamons une mutation salvatrice
vers un point de bascule, vers une idée réalisatrice qui nous permettra de surgir du néant. C’est alors que le dragon, retenu
dans nos entrailles, s’envole et quitte les limbes de l’obscurantisme. Porté par le Zéphyr, le vent printanier, il s’affranchit du passé
pour créer un nouveau monde issu d’une source lumineuse, annonciateur d’une infinité de réalités ! Le Zéro et le point enfin réunis
ne font qu’un. Et l’infini ? L’infini abroge toutes les limites, puisqu’il n’en a pas. Il est sans borne, sans frontière, sans contour,
rien n’est précisé, rien n’est délimité. L’infini est un état de virginité totale, dépouillé de toute influence qui enfantera
ce que l’esprit sain lui soufflera. Prions simplement pour que cet esprit-là soit conscient de sa véritable nature divine
et universelle avant de se recréer…
Au fait, cette histoire de Vierge enceinte d’un esprit sain, ça ne vous rappelle rien ?
Nous reviendrons plus tard sur cette idée…
La Haye, le 20 nov 2025
Véronique Sabard
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Sources :
Clé universelle des sciences secrètes, Pierre Vincenti Piobb, Éditions Alliance magique, 2021
Dictionnaire abrégé Latin-Français, F. Gaffiot, Hachette, 1936
Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, éditions Robert Laffont, 1982
Du chiffre, Jérôme Peignot, éditions Jacques Damasse, 1982
Égypte, les mystères du sacré, Fernand Schwarz, Éditions du Félin, 1986
Encyclopédie des symboles, Hans Biedermann, éditions Livre de poche, 1989
La langue sacrée : la cosmoglyphie, le mystère de la création, Émile Soldi, Librairie Achille Heymann1897
Livre des morts des anciens égyptiens, Grégoire Kolpaktchy, J’ai lu, 2002
La science des Nombres, Paput, The cubic stone, 2020
Le Livre des symboles, éditions Taschen, 2010
Livre d’or des symboles, M. Battistini & L. Impelluso, éditions Hazan, 2012
Mère-Fille, Éric Berrut, Les éditions de Janus, 2007
Tabula smaragdina/La table d’émeraude, Hermès Trismégiste
Tao Te King, Lao-Tseu, Dervy, 2000
Téogonie, Hésiode
Uranus, le ciel étoilé, Éric Berrut, 2019
Yi King, Richard Wilhem/trad Étienne Perrot Éditions Médicis, 2013
cnes.fr
dharmapedia.fr
fr.wikipédia.org
theartcycle.fr
Le véritable mouvement de la Terre dans l’espace / Balade mentale :
https://www.youtube.com/watch?v=EoKm6P2Sl6w
La sagesse du vide / Thich Nhat Hanh :